dimanche 14 décembre 2025
Votre Journal. Votre allié local.

Opinion du lecteur > Chroniques-Opinions

Lettre ouverte

Lévis EST Rabaska : Le peuple floué, la vérité étouffée, partie 6

Les + lus

Photo : Archives - Catherine D'Amours

11 déc. 2025 08:47

Le 12 mai dernier, la Ville de Lévis a adopté une résolution de contrôle intérimaire (RCI), portant sur la conservation des milieux naturels. Plus de deux mille propriétaires terriens ont reçu une lettre, qui faisait mention que le règlement (RCI) avait une incidence sur leur propriété. En consultant la carte interactive de la Ville, chacun peut constater, grâce aux différentes couleurs qui apparaissent, l’ampleur des restrictions imposées : allant de l’interdiction totale d’usage à des limitations partielles dont l’interprétation demeure parfois incertaine.

Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celles des auteurs signataires. 

Lors des soirées d’information tenues les 3 et 4 juin 2025, les élus ont expliqué vouloir atteindre un objectif ambitieux : protéger 30 % du territoire de Lévis d’ici 2040. Or, sur une superficie totale de 495,6 km², seulement 113 km² (22,8 %) sont actuellement protégés. Il manque donc 35,7 km² de milieux naturels à ajouter pour atteindre la cible. La volonté politique de réaliser cet objectif est évidente. La question fondamentale demeure : où ces 35,7 km² seront-ils trouvés?

En milieu urbain, la marge de manœuvre est extrêmement réduite. Les municipalités du Québec peuvent autoriser la construction en milieux humides moyennant compensation. À Lévis, ces autorisations ont été nombreuses et les espaces humides urbains encore disponibles sont presque inexistants. Les compensations financières doivent servir à recréer des milieux humides «ailleurs». Mais ailleurs, c’est où?

La réponse s’impose d’elle-même : dans les milieux ruraux. Et dans ces milieux, ce sont les terres agricoles, acéricoles, forestières et naturelles qui deviennent la cible.

Rappelons que 74 % du territoire de Lévis est en zone agricole, soit 366,7 km². Une fois retranchées, les superficies déjà protégées au titre des milieux naturels, il ne reste que 218 km² réellement disponibles
pour l’agriculture. Cela peut paraître important, mais cette estimation ne tient pas compte des nombreuses contraintes présentes sur le terrain : les 850 km de cours d’eau, les 1 000 km de chemins
publics, les pistes cyclables, les sentiers de marche, ainsi que les bandes riveraines et protections environnementales, toutes situées majoritairement en zone agricole.

Dans ce contexte, les terres de Rabaska, qui totalisent 2,72 km², représentent un territoire d’une richesse exceptionnelle : terres agricoles dynamiques, milieux naturels diversifiés, érablières d’envergure, forêts et bordure fluviale intacte. Ce paysage unique, accessible aux citoyennes et citoyens de Lévis, doit être protégé. Ses développements industriel, commercial ou résidentiel ne sauraient compenser les pertes imposées ailleurs en raison du RCI.

Le Collectif Sauvetage (collectifsauvetage.ca) propose un projet innovant, Agriculture-Nature, qui pourrait voir le jour uniquement si la totalité de ces terres est retournée en zone agricole et protégée par une fiducie garantissant sa pérennité et son utilisation durable au bénéfice de la population lévisienne.

C’est pourquoi nous invitons nos élus municipaux, provinciaux et fédéraux à poser un geste cohérent et sensé. Au-delà des enjeux économiques, énergétiques ou environnementaux, l’agriculture doit être placée en tête de liste. Car s’il est une réalité que nous partageons tous, c’est celle-ci : la seule chose que nous faisons trois fois par jour, c’est manger.

Nous avons la responsabilité collective de préserver les terres qui nous nourrissent.

Agissons avant qu’il ne soit trop tard.

Jean-Paul Tardif
Président du Syndicat de l’Union des producteurs agricoles de Lévis


Les + lus