Celle qui est journaliste depuis 1996 et journaliste judiciaire depuis 2013 a enregistré deux saisons de quatre et trois épisodes qui durent entre 25 et 40 minutes chacun. Chaque saison retrace une histoire judiciaire ayant particulière qui s’est déroulée dans une région du Québec. Pour choisir ses sujets, Isabelle Mathieu a utilisé les contacts qu’elle a créés en œuvrant dans le domaine depuis plusieurs années.
«Je me suis servie de mes contacts, des avocats et des juges que je connais, pour choisir les sujets, explique-t-elle. Je leur demandais de quelle histoire ils se rappelleraient à la fin de leur carrière. C’est comme ça qu’on m’a enligné vers le dossier de Gaétan St-Germain, le shérif de Montmagny, et aussi vers le Projet Esturgeon qui visait Johanne Johnson. J’ai ciblé des histoires qui, même si elles remontent à quelques années, vont encore parler aux gens aujourd’hui.»
Effectivement, la première saison relate l’histoire du Projet Esturgeon, soit le cas de l’assassinat de James Dubé en Gaspésie. Dans le cadre d’une opération d’infiltration controversée de type Mr Big, Johanne Johnson, la femme de James Dubé, a avoué le meurtre de son mari. La femme a toutefois été acquittée en raison du contexte d’interrogation qui l’aurait poussé à mentir sur l’affaire.
Quant à elle, la deuxième saison se concentre sur Marcel Guimont, appelé le shérif de Montmagny, qui a réussi à faire condamner un meurtrier sans avoir retrouvé le corps de la victime ni l’arme du crime, une première au Québec.
«Je pense que les gens vont aimer découvrir le personnage du shérif de Montmagny, Marcel Guimont, qui est un procureur qui a travaillé pendant 30 ans au palais de justice de Montmagny, mais souvent dans l’ombre. C’est quand même agréable de pouvoir faire ressortir ses bons coups, parce que j’ai réalisé que la décision que Marcel Guimont avait prise de porter des accusations contre Gaétan St-Germain, avec l’état de la preuve qu’il avait, ce n’est pas tout le monde qui aurait osé faire ça. C’est un coup de chapeau pour le shérif qui avait un pari assez grand à relever», soutient Isabelle Mathieu.
La conception du balado
Si elle est épaulée de l’équipe de Taïga média pour la production du balado, Isabelle Mathieu se charge de la recherche, de la scénarisation et de la narration des épisodes. C’est son amour pour le médium qui lui a donné l’idée de produire ce contenu axé sur les régions du Québec.
«À la base, je suis une maniaque de balado, j’en écoute vraiment beaucoup depuis 2018, mentionne-t-elle. Le balado, ça établit une espèce de proximité avec les auditeurs et, pour des histoires de palais de justice, je trouve que ça sert bien. Il y a de l’émotion, du drame et parfois des belles choses qui arrivent, donc ça passe bien avec le médium audio. Le palais de justice, c’est un endroit où on a accès à de la preuve audio. Au cours des procès, il y a plusieurs enregistrements policiers qui sont déposés, comme l’interrogatoire du suspect ou de l’écoute d’infiltration. Pour le balado, tu mises là-dessus et ça te donne une bonne matière première pour raconter l’histoire».
Chaque saison a pris plus d’un an à produire pour la journaliste. Que ce soit pour faire de la route afin de rencontrer des gens et comprendre comment ces histoires ont changé leur vie ou pour du travail de recherche, la charge de travail est importante pour réaliser un produit fini.
«Dans le shérif de Montmagny, il y avait quelque chose de super intéressant, qui était l’interrogatoire de Gaétan St-Germain, qui a duré une douzaine d’heures, mais il était sur des cassettes VHS. C’était au greffe du palais de justice de Montmagny. Il fallait prendre le son des cassettes pour qu’on puisse le mettre en numérique, mais au palais de justice de Montmagny, ils n’étaient pas équipés pour le faire. Il a fallu que j’obtienne la permission de la cour pour partir avec les cassettes, les faire transférer et les ramener à Montmagny. Ça ajoute une complexité, comme la technologie a évolué depuis le temps de mes histoires», indique la Lévisienne.
Alors qu’elle souhaite poursuivre ce projet avec d’autres histoires, Isabelle Mathieu tient à conserver sa méthodologie pour produire un balado à son image, sans embellir la réalité.
«Ce que les gens disent est assez fort sans qu’on ait besoin d’en rajouter. Je pense que c’est important de garder une démarche journalistique rigoureuse pour ce type de sujets, qui sont quand même sensibles, ajoute-t-elle. C’est la vraie vie des gens, c’est délicat, donc ça prend pas mal de respect des victimes pour que ça donne un résultat qui me satisfait.»
Bien qu’elle n’ait rien voulu confirmer, Isabelle Mathieu a lancé que le prochain sujet pourrait être lié à un sujet de la région de Thetford Mines.