«On a l’impression de vivre le jour de la marmotte. Des membres ont envoyé une lettre il y a quelques jours à la direction des soins infirmiers dressant un portrait de la situation et proposant des pistes de solution. J’avais l’impression de relire la lettre qui a été envoyée l’an dernier. Ça fait longtemps que ça dure. […] On a besoin d’une nouvelle vision, ça tourne en rond», a d’emblée déploré Carole Mercier, la présidente du SPSCA, en entrevue avec le Journal le 23 janvier.
C’est en raison de la situation vécue le dimanche 21 janvier, en soirée, que plusieurs infirmières et leur syndicat ont fait de nouvelles sorties médiatiques. La direction a dû jongler avec l’absence de plusieurs infirmières, plusieurs ayant demandé un congé maladie après avoir dû prolonger leur quart de travail la veille.
C’est d’ailleurs le «recours accru» au temps supplémentaire obligatoire (TSO) par le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) pour combler les trous à l’urgence qui frustre une nouvelle fois le personnel infirmier.
«Lors de la dernière fin de semaine, un infirmier a fait trois fois du TSO en autant de jours. […] L’urgence est actuellement engorgée et il y a des patients qui restent longtemps là, alors qu’ils n’ont plus besoin de soins d’urgence, parce qu’on ne peut pas les transférer aux étages. C’est un cercle vicieux. Pour ne pas trop recourir au TSO aux étages, il y a des lits fermés, mais le problème n’est que transporté à l’urgence. Aussi, il n’y a pas de gestion. Chaque fin de semaine (pour la gestion du personnel infirmier à l’urgence), c’est géré le vendredi matin», a illustré Mme Mercier.
Pour résoudre la crise, le SPSCA aimerait que le CISSS-CA écoute enfin ses propositions de solution. Le syndicat aimerait notamment que davantage de places en hébergement soient ouvertes, pour libérer des lits à l’hôpital, et que l’établissement s’attaque à la vacance de postes, particulièrement en soirée.
«Pour le moment, on n’a même pas reçu une réponse à la lettre. Je sais que nous sommes dans un contexte de négociations à l’échelle nationale, mais je me serais attendue à recevoir au moins un appel. On voit que la direction prend vraiment ça au sérieux. Je crains qu’il n’y ait une nouvelle fois rien qui va se passer», a affirmé avec ironie et pessimisme la présidente du SPSCA.
Efforts consentis
Du côté du CISSS-CA, l’organisation a souligné que la situation actuelle avait été provoquée par un important afflux de patients à l’Hôtel-Dieu de Lévis. «Nous vivons des enjeux de main-d’œuvre en continu et ce n’est pas juste dans notre établissement. L’achalandage a été plus soutenu à l’urgence après les Fêtes, notamment avec la transmission de virus respiratoires lors d’événements familiaux. Cette intensité a provoqué beaucoup d’impacts au sein de notre personnel», a expliqué Maryse Bouffard, la directrice exécutive du réseau local de services (RLS) Alphonse-Desjardins.
Soutenant que le TSO n’est pas un outil «privilégié» par le CISSS-CA pour faire aux chamboulements dans ses équipes, Mme Bouffard a indiqué que son organisation utilisait plusieurs mécanismes «internes et externes» pour atténuer les impacts de la situation. Toutefois, l’organisation rencontre des échecs avec certains outils. «En lien avec la situation vécue dimanche, environ 300 appels ont été effectués au sein de la banque de volontaires pour combler les absences. Nous avons pu obtenir l’aide de deux personnes», a illustré la directrice exécutive du RLS Alphonse-Desjardins.
Maryse Bouffard a par la suite ajouté que des rencontres seront bientôt tenues avec les membres du personnel pour échanger sur les solutions à cette problématique. De plus, elle affirme que le CISSS-CA travaille sur des «mesures à court, moyen et long terme, dont des projets structurants pour améliorer la fluidité hospitalière».
Notons finalement que la gestionnaire a tenu à rassurer les citoyens sur le fait que les difficultés vécues à l’urgence n’impactent pas les heures d’ouverture de l’unité, qui demeure ouverte en tout temps.