vendredi 9 mai 2025
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Santé mentale

Des intervenants sociaux assistent les policiers en Chaudière-Appalaches

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Vicky Vachon et Nathalie Latulippe. Photo : Catherine D'Amours

07 mai 2025 11:16

Depuis 2022, différents centres de services de la Sûreté du Québec (SQ) dans la Chaudière-Appalaches accueillent des intervenants sociaux parmi leur équipe en partenariat avec le Centre intégré de santé et services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA). À Lévis, c’est depuis un peu plus d’un an maintenant que l’intégration s’est faite au Service de police de la Ville de Lévis (SPVL).

Vicky Vachon, coordonnatrice clinico-administrative pour la direction en santé mentale et dépendance du CISSS-CA, indique qu’en 2019, ce sont environ 80 000 interventions des policiers au Québec qui avait un lien avec la santé mentale. 

«Les policiers ne travaillaient pas assez avec les ressources de la communauté lorsqu’il était question de santé mentale. Ils n’étaient pas assez informés au regard du vécu et du besoin des gens qui vivent avec une problématique de santé mentale», explique Vicky Vachon.

C’est à la suite de la sortie de ces statistiques que plusieurs projets pilotes se sont développés dans différents centres de service de la SQ ou de services policiers municipaux au Québec, menant ensuite à la mise en action du CISSS-CA. 

«Dans ce qui avait été soumis comme changement souhaité, c’était de travailler davantage avec les intervenants du milieu de la santé mentale pour qu’il y ait des apprentissages mutuels sur les façons d’intervenir, ajoute la coordonnatrice. La formation des policiers sur la santé mentale ne doit pas être axée uniquement sur la sécurité de l’intervention, mais vraiment sur l’accompagnement rassurant, compréhensif et humain.»

Afin de faire connaître cette nouvelle réalité et de permettre aux citoyens et à ses membres d’en apprendre davantage sur les interventions policières touchant la santé mentale, l’A-Droit de Chaudière-Appalaches, un groupe régional de promotion de défense des droits en santé mentale, a organisé une conférence présentée par Mme Vachon et Nathalie Latulippe, intervenante sociale du CISSS-CA attitré au centre de services de la SQ de Saint-Georges et première intervenante à travailler auprès des policiers en Chaudière-Appalaches. 

Ces dernières ont notamment abordé la réalité vécue par l’intervenante sur le terrain, l’historique du programme, son application ainsi que les dernières statistiques qui en ressort. Les personnes qui ont assisté à cette rencontre ont également pu poser leurs questions aux deux intervenantes et leur partager certains témoignages en lien avec les interventions policières sur des situations touchant la santé mentale. 

Une réalité différente à Lévis 
Pour François Winter, directeur général de l’A-Droit de Chaudière-Appalaches, il s’agissait d’un thème très important à aborder alors que malgré les efforts qui ont été mis dans la dernière année, il reste encore du travail à faire et ce, en particulier sur le territoire lévisien en matière d’itinérance. 

«Il y a encore du chemin à faire à Lévis. Ce qu’on constate avec toute la gestion de l’itinérance, c’est qu’il y a beaucoup d’enjeux et nous recevons beaucoup de demandes en lien avec les interventions des policiers. Souvent, les interventions sont faites dans un angle qui n’est pas psychosocial ou plutôt respectueux des droits et libertés fondamentales. Parfois, on constate même des éléments qui peuvent révéler du profilage social», indique-t-il. 

Rappelons que l’A-Droit est un organisme qui offre des services de formation, de promotion et de sensibilisation, d’aide et d’accompagnement dans la défense des droits et peut aider à mener des actions collectives, et ce toujours en lien avec la promotion du respect des droits des personnes vivant ou ayant vécu un problème de santé mentale. 

Portrait lévisien
Du côté de Lévis, le CISSS-CA rapportait dans sa répartition des interventions par secteur d’avril 2024 au 31 mars 2025 que ce sont 156 interventions du SPVL qui ont eu lieu avec le soutien des intervenantes sociales, touchant un total de 142 personnes. 

Pour l’année 2024, le SPVL rapporte avoir reçu 1 149 appels pour des personnes ayant un «état mental perturbé». Les deux intervenantes ont été ajoutées à l’équipe en mars 2024. Notons que les intervenantes sont présentes cinq jours par semaine sur des horaires de 8h à 16h et de 15h à 23h. En dehors de ces heures, les policiers peuvent se référer à la centrale Info-social.  

David Patry, inspecteur au SPVL, rapporte qu’une période d’ajustements a été nécessaire afin d’inclure les deux intervenantes, mais que la «collaboration se fait de façon permanente». 

Lévis a été le troisième secteur développé par le CISSS-CA après la Beauce et Montmagny, Bellechasse et Nouvelle-Beauce. Le dernier secteur à avoir été développé est celui de Thetford Mines et Lotbinière. Pour tous les services, le programme est financé par le CISSS-CA à l'exception d'une des deux intervenantes au SPVL qui a été rendu possible grâce à l'investissement du SPVL. 

 

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