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Budget 2024 de la Ville de Lévis

Hausse salée du compte de taxes pour les contribuables

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Isabelle Demers et Gilles Lehouillier estiment que la hausse importante du compte de taxes était inévitable pour faire à l'inflation et éviter de couper les services aux citoyens. Photo : Gilles Boutin

11 déc. 2023 04:00

Contrairement à ce qu’ils ont été habitués au cours des dernières années, les propriétaires lévisiens feront face l’an prochain à la plus importante hausse de taxes de l’histoire de la Ville de Lévis. Dans son budget 2024 adopté grâce à l'appui d'une majorité des élus municipaux le 11 décembre, la Ville de Lévis a notamment inscrit une augmentation globale du compte de taxes de 7,7 % pour les propriétaires résidentiels.

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Concrètement, la hausse annuelle du compte de taxes pour le propriétaire d’une maison de valeur moyenne à Lévis, soit une propriété évaluée à 329 700 $, sera de 235,20 $.

Dans son plus récent exercice financier, la municipalité prévoit une hausse uniforme de la taxe foncière de 6 % pour toutes les catégories d’immeubles «afin de favoriser l’activité économique». Toutefois, la hausse globale du compte de taxes, incluant la hausse des coûts des services devant être payée par les contribuables, fait varier le taux global d’augmentation du compte de taxes selon la catégorie d’immeuble.

Si les propriétaires résidentiels font face à une hausse de 7,7 % de leur compte de taxes, la variation globale du compte de taxes sera de 8 % pour les propriétaires de bâtiments industriels, de 7,9 % pour ceux de bâtiments de six logements et plus, de 6,3 % pour ceux de bâtiments commerciaux ainsi que de 6 % pour des exploitations agricoles et des sites forestiers. Pour les propriétaires de terrains vacants desservis par les services de la Ville, en plus de la hausse de la taxe foncière de 6 %, ils feront face à une nouvelle taxe que la municipalité peut prélever grâce à la récente loi sur la fiscalité municipale adoptée par le gouvernement provincial. La Ville de Lévis prévoit engranger 11,5 M$ en revenus supplémentaires grâce à cette nouvelle taxe.

Une décision «responsable»

Pour justifier cette importante augmentation du prochain compte de taxes, Gilles Lehouillier et Isabelle Demers, la présidente du comité des finances et conseillère municipale de Villieu, ont pointé l’inflation ainsi que l’impossibilité de couper dans les services. Uniquement en ce qui a trait à la hausse du coût de la vie, la municipalité estime qu’elle devra dépenser environ 10 M$ de plus que l’an dernier.

«C’est un budget extrêmement difficile à adopter aujourd’hui. On se colle avec l'inflation observée de 5,9 %. Comme les villes en croissance, on a fait face à une chute des revenus comme les promoteurs ont retardé de six mois leur échéancier de projet (en raison du contexte économique). On avait prévu 6 M$ l’an dernier de nouveaux revenus et on s’est retrouvé finalement avec 4 M$. On faisait face à l’exercice de couper des services (pour éviter une telle augmentation). Et c’est impossible, on est à l’os à Lévis, on ne peut pas aller plus bas», a argué le premier citoyen, admettant ensuite que son administration aurait dû augmenter davantage les précédents comptes de taxes si elle avait su que l’inflation allait être aussi importante cette année.

«À Lévis, si notre administration n’avait pas effectué des processus d’optimisation, on aurait fait face à 13,5 % d’augmentation du compte de taxes. On ne voulait pas de coupure dans nos services», a renchéri Isabelle Demers, avant d'ajouter que malgré cette augmentation, le niveau de taxation de la Ville demeurera «globalement en dessous de celui des autres grandes villes comparables avec des populations similaires au cours des quatre dernières années».

 Vers une diversification des revenus?

 Face à la décision difficile d’imposer cette importante hausse du compte de taxes et que les taxes foncières (taxes et tenant lieu de taxes ainsi que droits de mutation) représentent encore près de 90 % des revenus de la Ville, l’administration Lehouillier a fait savoir qu’elle allait se pencher sur la mise en place de nouvelles taxes dans son cadre financier qui doit être déposé au cours des prochains mois. Rappelons que c’est dans ce plan de match que l’administration Lehouillier précisera également sa stratégie pour gérer la dette de la Ville.

«Nous n’avons pas encore fait le virage pour la diversification de la tarification d’une grande ville. Par exemple, on n'a pas accès à des revenus issus de parcomètres comme dans d'autres villes. On veut notamment étudier des possibilités (d’obtenir de nouveaux revenus) liées à la densification, comme le fait déjà d’autres grandes villes du Québec qui taxent les nouvelles portes des édifices multilogements. Le conseil municipal prendra beaucoup de décisions en 2024 quant à la tarification», a partagé M. Lehouillier.

 Le budget franchit le cap du 400 M$

 Quant à l’exercice financier à proprement parler pour 2024, la Ville de Lévis aura un budget équilibré totalisant 404,9 M$, une hausse de 12,9 % comparativement au précédent budget (augmentation de 46,2 M$).

Pour ce qui est des revenus, la Ville prévoit, entre autres, que la croissance de la richesse foncière atteindra 240 M$, ce qui permettrait de dégager des revenus fonciers de 5,2 M$ en 2024. Pour ses dépenses en 2024, il en coûtera notamment 172,8 M$ à la Ville en 2024 (augmentation de 20,3 M$ comparativement à 2023), 124,5 M$ en biens et services (hausse de 15,588 M$ comparativement à l’an dernier) et 30 M$ en contributions à des organismes.

D’ailleurs, l’administration Lehouillier s’est réjouie que son plus récent budget ait permis l’indexation de l’aide financière aux 221 organismes reconnus par la municipalité, la création d’un fonds pour les logements sociaux et abordables, l’augmentation de 700 000 $ de la contribution municipale à la Société de transport de Lévis (STLévis) pour atteindre l’an prochain 14,2 M$ ainsi que les investissements de 19,5 M$ et de 21,7 M$ pour le déneigement et la collecte des matières résiduelles. Notons que pour réduire ses dépenses à ce chapitre, une reprise de 25 % en régie de la collecte a été décidée par la Ville.

 La dette toujours en augmentation

 En ce qui a trait à la dette nette de la municipalité, la tendance à la hausse se poursuit dans le budget 2024. Dans son prochain exercice financier, Lévis prévoit que sa dette nette passera à 654 M$. Cette dernière était de 488 M$ en 2021, 524 M$ en 2022 et 594 M$ (NDLR : prévision partagée le 14 décembre, après que la Ville ait plutôt indiqué le 11 décembre qu'elle prévoyait que la dette passe à 559 M$, prévision d'il y a un an) en 2023.

Toutefois, l’administration Lehouillier s’est une nouvelle fois faite rassurante, heureuse que le ratio du service de la dette de la municipalité n’excède pas 20 % de ses revenus totaux. Alors que la Ville consacrait respectivement en 2021, 2022 et 2023 63 M$ (ratio de 19,96 %), 66 M$ (ratio de 19,80 %) et 68,7 M$ (ratio de 19,15 %) à cette dépense, elle prévoit investir 77,6 M$ pour le service de la dette en 2024 (hausse de 8,9 M$), pour un ratio service de dette/revenus totaux de 19,17 %.

De plus, l’administration Lehouillier s’est réjoui que son ratio de l’endettement à long terme sur les revenus consolidés se situe maintenant, selon elle, à 126,3 %, alors qu’il était de 144 % en 2020, ainsi que de poursuivre le paiement comptant de ses immobilisations. En 2024, la Ville effectuera des paiements comptants de l’ordre de 20,9 M$, dont 13,5 M$ directement attribuables aux immobilisations payées à même les revenus.

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