Rappelons que l’étude indépendante sur l’état du bâtiment commandée par la Ville de Lévis à l’automne dernier mentionnait «l’état préoccupant du bâtiment en ce qui concerne son intégrité structurale».
«La réhabilitation de la structure et de l’enveloppe du bâtiment existant semble risquée en raison de l’ampleur et du coût considérable des travaux nécessaires estimés à environ 2,6 M$. L’approche hybride combinant la réhabilitation et le remplacement des éléments critiques comprend également des risques importants. Le scénario qui semble le plus raisonnable et le moins risqué dans les circonstances consiste à la démolition et à la reconstruction», rapportait l’étude.
Un moratoire qui fait des vagues
Les élus sont aussi revenus sur la mobilisation citoyenne du 17 juin, où le regroupement avait demandé un moratoire sur les démolitions de bâtiments patrimoniaux pour une durée d’un an.
«Pour déclencher un moratoire, ça nous prend un motif sérieux. Il faut qu’il n’y ait rien sur la table et qu’on fasse un moratoire en attendant qu’on se dote d’un règlement, mais on en a un règlement sur les démolitions qui est d’ailleurs l’un des plus avant-gardistes au Québec. On ne peut pas surseoir, la seule façon serait que le demandeur demande lui-même de surseoir la décision. Comme membres du conseil, on se doit de rendre la décision telle que prévue dans nos règlements», a expliqué le maire de Lévis, Gilles Lehouillier.
Cependant, le chef de Repensons Lévis et président du comité de démolition, Serge Bonin, est ensuite revenu sur la demande des citoyens. Il a mentionné que le projet de remplacement devra s’inspirer de la facture architecturale du bâtiment d’origine en conservant le maximum de caractéristiques patrimoniales, mais a exprimé des doutes quant au respect de ce libellé.
«L’analyse du comité de démolition est claire et je suis encore en paix avec cette analyse, mais on a un groupe qui demande si on peut avoir un peu de temps. Je pense qu’on devrait surseoir la décision et laisser au groupe le temps de travailler. […] Je me demande quelle sera notre garantie que le projet de remplacement actuel du 32, avenue Bégin, va vraiment reproduire le bâtiment original dans sa forme et dans son allure, alors que d’autres comités par la suite ne tiennent pas compte de nos recommandations qui sont assez claires», a indiqué Serge Bonin.
C’est cette déclaration qui a causé un long moment de discorde au sein du conseil municipal.
«Dans toute ma carrière politique, je n’ai jamais vu un revirement comme ça. Je n’en reviens pas! Ça dépasse l’entendement, ça dépasse le raisonnable et vous avez la prétention d’être assis dans la grande chaise. Je le dis haut et fort, ce n’est que de la petite politique. C’est la première fois que je vois un président d’un comité qui remet en question l’essence même de ce comité qui a été créé démocratiquement par les élus municipaux avec des procédures à suivre. […] Je veux exprimer mon amère déception envers un président de comité en qui j’avais 100 % confiance parce que s’il vote contre la démolition, c’est qu’il a induit l’ensemble du conseil municipal en erreur. Comment voulez-vous que les membres du conseil municipal fassent confiance à un président qui vire son capot de bord ? Jamais M. Bonin ne nous a dit qu’il était en faveur de la réhabilitation du bâtiment, jamais», a répondu le premier citoyen.
«Ça n’a pas été un dossier facile, mais nous avons analysé ce dossier de tout bord tout côté. Les citoyens nous ont demandé une étude indépendante à 75 000 $ et on a visité le bâtiment avec des spécialistes. Tout est faisable, mais à un coût irresponsable. Le 32, avenue Bégin, est fermée depuis quatre ans, levez la main avant», a ajouté Réjean Lamontagne, conseiller du district Saint-Rédempteur et membre du comité de démolition.
«On a pris notre temps, on a mis les sommes nécessaires pour s’assurer qu’on allait prendre la meilleure décision pour le bâtiment. Pour moi, cette lettre aurait dû arriver il y a trois ans et demi parce que ça fait quatre ans que la demande a été faite. Il n’y a pas d’autre dossier de démolition où on a mis autant de temps et d’argent pour prendre la meilleure décision et c’est ce qu’on fait ce soir», a pour sa part ajouté Isabelle Demers, conseillère du district Villieu.
La demande de report de la prise de décision a été refusée à la majorité, Serge Bonin et Alexandre Fallu, conseiller du district Christ-Roi, étant les seuls à avoir voté en faveur, alors que l’approbation de la demande de démolition du bâtiment a été acceptée à la majorité.