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Grippe aviaire chez les humains : des questions non résolues

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Photo : Unsplash - Kim Leary

30 nov. 2024 06:00

Trois cas en deux mois alarment les observateurs de la grippe aviaire : trois personnes qui n’avaient eu aucun contact avec des animaux d’élevage infectés. Dont un adolescent chez qui le virus montre des signes d’adaptation aux humains.

Par Pascal Lapointe — Agence Science-Presse (www.sciencepresse.qc.ca)[1]

Ça ne veut pas dire que le scénario du pire est en train de se produire. «Ce n’est pas, d’aucune façon, le jour 1 d’une pandémie», nuançait le 18 novembre, en entrevue au magazine médical STAT, le microbiologiste Scott Hensley, de l’Université de Pennsylvanie. «Il n’y a pas d’indication d’une transmission d’humain à humain, ce qui est bien. Mais c’est le scénario que nous craignons.»

Ses propos sont une référence au fait que, chaque fois qu’un virus réussit à se transmettre d’un animal à un humain, cela ne veut pas dire qu’il a acquis les mutations nécessaires pour se transmettre ensuite entre humains. Sauf que depuis 1997 qu’elle a été identifiée à Hong Kong, la grippe aviaire H5N1 a montré une capacité à infecter tout d’abord toutes sortes d’espèces d’oiseaux, puis de plus en plus d’espèces de mammifères y compris, plus récemment, des vaches.

Depuis ce printemps, 52 travailleurs agricoles aux États-Unis ont été diagnostiqués comme ayant été infectés par ce virus H5N1, en raison d’une exposition à de la volaille ou à des vaches infectées. On soupçonne que ce chiffre est une sous-estimation, beaucoup d’éleveurs s’étant montrés réticents à autoriser des dépistages systématiques de leurs élevages. Les autorités médicales, à Washington et dans les différentes régions touchées, se sont également fait reprocher de n’avoir pas davantage serré la vis aux éleveurs.

Parmi les trois cas qui ne sont pas liés à des fermes, deux sont aux États-Unis. Le premier a été signalé en septembre au Missouri. Le deuxième est un enfant en Californie, qui a été signalé le 19 novembre. Aucun n’a nécessité d’hospitalisation. Le troisième est un adolescent en Colombie-Britannique, qui a dû être hospitalisé le 8 novembre et avait été décrit à ce moment comme étant «dans un état critique».

C’est chez cet adolescent que le séquençage des gènes du virus, déposé par les chercheurs canadiens dans une base de données publique, révèle trois différences qualifiées de «clefs» pour une éventuelle transmission entre humains.

Il s’agit plus précisément de mutations dans l’hémagglutinine, une protéine qui, présente à la surface du virus, s’attache aux cellules que le virus tente «d’envahir». Autrement dit, ces mutations rehausseraient, en théorie, la capacité du virus à «s’attacher» aux cellules humaines.

Tous les virus identifiés chez l’adolescent ne contiennent pas ces mutations, ce qui suggère que les chercheurs ont eu affaire à un «mélange» de deux types du virus, un premier, qui est semblable à celui que l’on trouve en ce moment chez la volaille — et non chez les vaches, contrairement aux deux cas américains — et un second, qui serait le nouveau venu. Le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique déclarait le 26 novembre qu’un suivi auprès des proches n’avait révélé aucune autre infection.

De la même façon que les 52 travailleurs agricoles pourraient être une sous-estimation, ces trois cas pourraient aussi en être une : jusqu’ici, la grande majorité de ces cas chez des humains n’ont pas donné lieu à des symptômes graves, ce qui veut dire que beaucoup d’autres ont pu passer sous le radar. C’est précisément ce qui inquiète les observateurs : «la chose à retenir, c’est qu’il y a davantage de transmission dans la communauté que ce qui est détecté», rappelle le 26 novembre dans le magazine Salon le Dr Abraar Karan, chercheur en maladies infectieuses à l’Université Stanford.

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