«La Ville a finalement reculé jusqu’à l’automne (pour la démolition). Ce qu’on trouve plate dans tout ça, c’est que ça a été voté au conseil sans même venir nous voir. Le côté humain, il n’y en a pas eu avec la Ville de Lévis», a d’emblée lancé Frédérick Brochu, copropriétaire des Jardins de Lévis.
L’ancien propriétaire des lieux y avait construit ce bâtiment en 2011 après avoir reçu les permis de construction, mais il en avait fait un logement plutôt qu’un bâtiment agricole. En 2019, Sonia Ruel et Frédérick Brochu ont acquis le terrain et ont été informés de la situation.
«Quand nous avons acheté, on s’est rendu compte que l’inspecteur qui est venu le voir après la construction l’a accepté comme ça. De ce qu’on comprend, les permis et la taxation ne se parlent pas à la Ville de Lévis. […] On a décidé d’en faire un logement pour nos travailleurs étrangers et on a parlé à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) qui nous a dit qu’on pourrait les faire habiter sur les lieux si la Ville modifiait un règlement, mais elle a refusé deux fois», a expliqué Frédérick Brochu.
Demande de démolition
Par la suite, les copropriétaires ont reçu une lettre de la Ville leur demandant de démolir le bâtiment d’ici le 4 juin. «Ils avaient peur pour la sécurité des employés, mais c’est un beau logement, c’est comme une maison. On a ensuite fait une publication sur nos réseaux pour dénoncer la situation.»
À la suite de cela, l’équipe de Prospérité Lévis, le parti de l’ancien député fédéral qui se présentera à la mairie de Lévis en 2025, Steven Blaney, s’est impliquée pour demander un sursis. Ce dernier leur a été accordé jusqu’à l’automne prochain, le temps que la Ville analyse certains éléments liés au projet de loi 86, la Loi visant à assurer la pérennité du territoire agricole et sa vitalité.
«Dans ce dossier, on doit concilier les enjeux du milieu agricole, du manque de main-d’œuvre et du manque de logements pour les travailleurs étrangers. Dans toute décision, la sécurité des citoyens doit primer, comme c’est le cas dans ce dossier. On est conscients que cette décision a pu entraîner des désagréments, mais on reconnaît l’importance de l’agriculture dynamique sur notre territoire. Comme ville, on souhaite aussi que notre réglementation encourage l’essor de l’agriculture, notamment par l’hébergement des travailleurs. Il y a des informations qui ont été portées à notre connaissance avec le projet de loi 86 et on est à évaluer les impacts de ces ajustements. Le temps qu’on mesure tout ça, on a confirmé le sursis temporaire», a indiqué Michel Thisdel, porte-parole de la Ville de Lévis.
Affirmant qu’ils souhaitent trouver une solution d’ici l’automne prochain, Frédérick Brochu ne cache pas l’importance de ce logement pour les Jardins de Lévis, mentionnant même que la vente de l’entreprise sera envisagée si démolition il y a.
«Moi, je mets la clé dans la porte (si la Ville démolit le bâtiment) et je les ai avertis. Présentement, des logements, il n’y en a pas. Si c’est pour faire ça, c’est fini, on va mettre ça à vendre. Nous, ce qu’on veut, c’est trouver des solutions. Il y en a, qu’ils nous aident à en trouver», a conclu Frédérick Brochu.