Devant les trois membres du comité de démolition, soit David Christopher, maire de Beaumont, Donald Mercier, conseiller du district Ville-Marie, et Gaétan Lefebvre, président du comité et conseiller du district du Moulin, deux citoyens et des représentants de quatre organismes ayant présenté des avis d’opposition ont pu prendre la parole. Il s’agit de la Fédération Histoire Québec (FHQ), la Société historique de Bellechasse (SHB), le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) et les Amis et propriétaires des maisons anciennes du Québec (APMAQ).
Dans un premier temps, le demandeur Vincent Deschênes a pris la parole afin de présenter les raisons l’ayant poussé à demander la démolition du bâtiment qui aurait été construit vers 1850 par Jean-Baptiste Chabot et aurait été en fonction jusqu’en 1930.
«En 2019, j’ai choisi de m’installer en Gaspésie, mais il a fallu que je revienne ici en 2021 et c’est là que j’ai acheté cette maison. Au terme de tout ça, j’ai décidé de repartir en Gaspésie et j’ai loué la maison. Sauf que d’avoir deux maisons à supporter, c’est une grosse charge, donc je voulais vendre cette maison. Je me suis informé si la Municipalité avait un intérêt pour le prendre à sa charge, mais non. Entretemps, j’ai perdu deux acheteurs à cause de l’ancien moulin qui est sur un site patrimonial et des assureurs qui ne veulent pas assurer la maison. C’est impossible pour moi de vendre la propriété avec le moulin et la charge qu’il représente. […] Il n’y aura pas de pelle mécanique et de conteneur qui va se présenter chez moi. J’ai fait beaucoup de recherches et au fil de tout ça, j’ai trouvé une alternative plus intéressante pour offrir une nouvelle vie à l’ancien moulin. J’ai trouvé une entreprise qui déconstruit des bâtiments patrimoniaux et va les rebâtir ailleurs. Ça m’est apparu la meilleure solution», a expliqué Vincent Deschênes.
Par ailleurs, le rapport d’ingénieur nécessaire à la demande de démolition rapportait que «si la Municipalité ou toute autre partie prenante tenait absolument à préserver le bâtiment, nous recommandons fortement d’envisager son déplacement vers un autre terrain suivi d’une réhabilitation». Le rapport indique aussi qu’un montant de près de 300 000 $ serait nécessaire pour remettre le bâtiment en bon état.
Avis d'opposition
Plusieurs intervenants ont ensuite pris la parole à tour de rôle afin de s’opposer à la démolition.
«Un édifice qui est déménagé perd beaucoup de sa valeur. Beaumont est l’un des vieux villages du Québec et il a une quantité d’édifices patrimoniaux assez intéressante. C’est impossible de tout garder, mais c’est possible d’obliger les propriétaires avec des lois d’entretenir leur édifice pour éviter qu’il arrive ça. […] On demande à la Municipalité de Beaumont de faire attention à son patrimoine, un patrimoine très important qui est en train de disparaître», a d’abord clamé Louis Vallée, président de la FHQ.
«Si on veut préserver des éléments de notre histoire, il faut conserver notre bâti. C’est un attrait pour venir s’installer à Beaumont. Il ne faut pas effacer ce caractère historique et patrimonial. Si on ne réussit pas à le restaurer parfaitement, il reste que si on le consolide, on sauvegarde l’image et le paysage de ce patrimoine», a ajouté Gaston Cadrin, vice-président patrimoine et environnement du GIRAM.
La responsabilité de la Municipalité
Les opposants ont aussi martelé qu’il devrait revenir à la Municipalité de Beaumont de reprendre l’ancien moulin.
«Il y a peut-être possibilité d’asseoir ses assises et de former un comité pour décider de son avenir. Je pense qu’il y a une lourde responsabilité de la part de la Municipalité et des élus municipaux dans la conservation du patrimoine. C’est extrêmement important que les élus de Beaumont prennent conscience de la valeur de leur patrimoine. On ne veut pas que Beaumont devienne le dortoir de Lévis. Ce qui fait le charme de nos municipalités, c’est le patrimoine», a ajouté Sylvie Corriveau, vice-présidente de la SHB.
«Je comprends que le problème est symptomatique d’une absence de politique qui concerne le patrimoine, mais aussi un manque de vision de ce qu’on peut faire avec. Le tissu patrimonial à Beaumont se détériore et présentement, on tire sur une petite ficelle qui est sensible. Je crois fermement que ce n’est pas à M. Deschênes de tenir le patrimoine à bout de bras à Beaumont, mais à Beaumont de prendre ses responsabilités», a appuyé Michel Jetchick.
Le comité de démolition se penchera maintenant sur le dossier et rendra se décision dans les prochaines semaines.