Le conseiller municipal du district Saint-Étienne, Serge Bonin. Photo : Gilles Boutin - Archives

Être porte-parole de l’opposition à Lévis n’est pas une mince tâche, mais elle est stimulante. Nous avons assisté avec beaucoup d’intérêt aux assises de l’Union des municipalités du Québec au début du mois de mai et y avons fait des rencontres pertinentes en plus d’assister à des ateliers stimulants, dont certains sur la saine gestion d’une ville.

Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celle de l'auteur signataire.

En moyenne, 72,5 % des revenus d’une ville au Québec proviennent des taxes directes aux propriétaires de résidences, de commerces ou d’industries. Pour Lévis, on parle de 86 % selon le dernier budget adopté. Lévis est donc plus dépendante de ses taxes que la moyenne.

Que font les autres villes? Elles ont plusieurs options. Des tarifications à l’usage, qui visent souvent en même temps à améliorer les comportements pour tenir compte du contexte des changements climatiques; c’est ce qu’on nomme l’écofiscalité. Des villes mettent aussi en place certaines redevances, comme celles sur les hébergements de type Airbnb pour les touristes, tel que nous l’avions proposé au conseil. Ce qui est de plus en plus utilisé aussi, c’est la redevance au développement. Quand un promoteur veut construire, il doit assumer une partie des services qui seront nécessaires. Terrebonne ajoute maintenant 5 000 $ par porte pour combler les demandes générées par la nouvelle construction en eau, égouts, parcs, installations sportives, culturelles et autres.

Un atelier très pertinent nous présentait des outils de gestion des actifs. Qu’est-ce que la ville possède, quel est leur plan d’entretien et comment éviter qu’il y ait des bris majeurs et que les coûts explosent? Une intervention mal planifiée coûte de 20 à 30 fois plus cher. Le plan de match préventif est donc essentiel, tant pour les bâtiments que pour les véhicules, les parcs et équipements, les routes municipales, le système d’aqueduc et d’égouts.

Étonnamment, le réflexe d’investir dans une saine planification est assez récent dans les villes. On nous a bien répété : il ne faut pas voir ce que ça coûte, mais bien ce que ça rapporte. Chacun des investissements doit avoir la durée de vie la plus longue possible, en toute transparence, nous permettant de minimiser les coûts du cycle de vie, de prévenir les risques, de mesurer les performances, d’optimiser le travail en commun des différentes équipes et surtout d’avoir une prévisibilité financière.

Le rapport du vérificateur général de Lévis 2019 n’était pas très flatteur. On y notait l’absence d’un système de gestion des actifs organisé et uniforme. Quand j’ai demandé avant le dernier budget combien il faudrait pour s’assurer que nos infrastructures soient en bon état afin de réduire au maximum les bris, on m’a simplement répondu qu’on n’investissait pas assez. On peut lire dans le rapport que : « (...) Les besoins d’information concernant les actifs pour soutenir la prise de décision ne sont pas définis. L’information colligée est très variable selon les catégories d’actifs et ne permet pas de définir leur niveau de service attendu ou leurs risques propres.».

Autrement dit, nous n’avons pas en tant qu’élus les informations pertinentes pour prendre les bonnes décisions. On indique aussi dans le rapport que les recommandations de 2010 n’étaient pas encore mises en place. Nous exigeons depuis les premières semaines le cadre financier complet qui nous permettrait de mieux prévoir, de prioriser les projets, de connaître l’évolution de la dette long terme et surtout de se rapprocher du citoyen dans un exercice participatif en préparation du budget et du plan d’immobilisations pour connaître avec précision les priorités des gens de Lévis.

J’aime beaucoup ma ville, mais j’ai hâte de voir certaines orientations et j’aimerais que nous puissions ensemble influencer positivement son avenir dès que possible.

Serge Bonin

Porte-parole de l'opposition à l'Hôtel de Ville de Lévis

Conseiller municipal du district Saint-Étienne

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