Les rares informations au sujet de la Société proviennent du journal L’Écho de Lévis, publié par Isidore-Noël Belleau de 1871 à 1876. Un minuscule entrefilet paru dans l’édition du 15 janvier 1875 nous signale «qu’un certain nombre de citoyens sont à l’œuvre pour fonder à Lévis une société de construction mutuelle». La nouvelle est confirmée le 3 février quand L’Écho annonce timidement «qu’une société de construction vient de se former à Lévis». Quelques jours plus tard, la feuille de Belleau présente plus en détail la Société et insiste sur «l’espoir» que devrait
susciter cette fondation en soulignant les «succès extraordinaires» des organisations analogues à Montréal et Québec.

Un comité provisoire est rapidement formé et présenté à la population le 17 février 1875. Ce groupe, composé de francophones et d’anglophones, comprend plusieurs personnes qui gravitent, ou graviteront, dans l’orbite de la Chambre de commerce de Lévis. Cette association régionale comprend les territoires de Lévis, Saint-Joseph de Lévis et Saint-Romuald.

Le but principal de la SCML est d’aider «les personnes qui gagnent des salaires modiques à s’acheter une propriété et se bâtir une résidence» à l’aide d’un prêt maximum de 500 $. L’autre objet est de favoriser l’épargne chez ses membres. Ceux-ci doivent, en premier lieu, payer 50 sous de droit d’entrée ainsi que 25 sous pour leur petit «livret des reçus». Par la suite, l’adhérent s’engage à verser 50 sous par semaine pendant 10 ans.

C’est au début du mois d’avril 1875 que commencent les activités de la Société de construction mutuelle de Lévis avec la souscription du capital formé du droit d’entrée et des frais pour le livret des reçus. Quant aux versements hebdomadaires, ils débutent en mai, soit «lorsque les travaux d’été répandront la prospérité au milieu de la population», nous dit L’Écho du 2 avril. Chose intéressante, les versements se font en se présentant directement chez un des membres du comité provisoire où auprès de deux percepteurs. Quant au bureau de la Société, il est situé au 21, côte du Passage.

Malheureusement, l’aventure sera très brève. Après des débuts prometteurs, l’institution financière naissante doit très vite prolonger le délai des souscriptions pour finalement ajourner le projet «à des temps meilleurs», victime avouée de la «crise commerciale» des années 1870. Quoi qu’il en soit, la Société aura tout de même permis à un groupe de personnes de la Rive-Sud de s’initier bénévolement, en temps de crise, aux rouages d’une institution financière mutuelle d’épargne et de crédit locale.