mercredi 11 juin 2025
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Chronique historique

L’héritage vivant d’Alphonse Desjardins en Ontario

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Les locaux de la Caisse populaire Saint-Jean-Baptiste de Tecumseh, près de Windsor, à la fin des années 1960. - Photo : Courtoisie - Caisse Desjardins Ontario

10 juin 2025 05:33

Les Lévisiens d’aujourd’hui ne suspectent pas l’ampleur de l’héritage de notre ancien concitoyen Alphonse Desjardins (1854-1920) et de son projet de caisse populaire en Ontario.

Par Claude Genest

L’historien lévisien, Pierre-Olivier Maheux, a publié en 2020, La Caisse Desjardins Ontario. Fruit de plus de 100 ans d’histoire. Cette synthèse relate le parcours remarquable des caisses Desjardins en Ontario. Dans la préface, le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, souligne qu’il s’agit d’une «aventure d’innovation sociale et financière qui a débuté voilà maintenant 110 ans avec l’aide personnelle d’Alphonse Desjardins».

Fonctionnaire-migrateur qui habite quelque cinq à six mois par année à Ottawa entre 1892 et 1917, Alphonse Desjardins s’est impliqué fortement en Ontario français. Connu et apprécié de ses compatriotes de la province voisine, autant francophones qu’anglophones, il y fonde avec l’aide de leaders locaux 18 caisses populaires dans les paroisses catholiques romaines en plus d’une caisse de groupe pour les fonctionnaires fédéraux.

Tout au long de son parcours, il bénéficie de l’appui des leaders sociaux, du clergé, de la presse francophone en générale, de George Keen, de la Cooperative Union of Canada et du journal The Civilian qui s’adresse aux fonctionnaires de la capitale. Ajoutons l’appui de fonctionnaires et de politiciens importants à Ottawa comme William Lyon Mackenzie King, Arthur Meighen, Henri Bourassa ou d’intellectuels de l’Université Queen’s à Kingston.

La grande force de l’ouvrage de Pierre-Olivier Maheux, c’est qu’il réussit à nous présenter un portrait complet de l’expérience de Desjardins en Ontario en couvrant la totalité de la présence franco-ontarienne de la région d’Ottawa et de l’Est ontarien, de Sudbury et du Nord, mais aussi du Sud-Ouest où des francophones habitent et participe à leur coopérative financière jusqu’à Windsor en face de Detroit, dans la péninsule du Niagara, sans oublier le Grand Toronto.

Ce survol de plus de 100 ans d’histoire nous fait découvrir au passage une communauté qui a vu dans la coopérative financière d’Alphonse Desjardins un outil de développement économique et social. À elle seule, la liste des caisses populaires fondées en Ontario que l’on retrouve à la fin de l’ouvrage nous permet de parcourir les noms de plus d’une centaine de paroisses et communautés où habitent nos compatriotes francophones. Sans compter les nombreux anglophones et allophones qui travaillent pour les filiales d’assurances de Desjardins à Toronto, Mississauga, Ottawa et Aurora.

Pour ma part, il y a longtemps que je m’intéresse au sujet. À titre d’employé de Desjardins depuis plus de 32 ans, j’ai eu la chance de débroussailler le terrain avec trois voyages de recherches à Ottawa en 1995, 2002 et 2004, mais aussi à l’Université Western à London. Quoi qu’il en soit, l’héritage d’Alphonse Desjardins est bien vivant dans la province voisine et le livre abondamment illustré de mon collègue Pierre-Olivier Maheux en est une preuve éclatante.

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