Par Claude Genest
Un siècle comporte 100 ans et non 99. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la fin du 19e siècle a été soulignée par les anciens Lévisiens le 31 décembre 1900 et l’entrée dans le 20e siècle, le 1er janvier 1901.
Les journaux de l’époque de la grande région de Québec et du reste du monde sont alors unanimes à cet effet. De l’autre côté du fleuve, les quotidiens Le Soleil, L’Événement et Le Courrier du Canada soulignent ce passage d’un siècle à l’autre tout comme Le Quotidien à Lévis.
Pour un, Le Courrier du Canada publie le 31 décembre 1900 un éditorial qui s’intitule « Sur la tombe du XIXe siècle». Le texte en question brosse un bilan fort étoffé du siècle expirant qui, à l’évidence, ne fut pas facile.
«Le voilà donc terminé ce tumultueux, cet orageux, ce brillant et complexe XIXe siècle. Quelle carrière dramatique et mouvementée il a fournie», lit-on dans la feuille de Québec. Ce que les gens ne savent pas à ce moment c’est que le suivant sera marqué par de nombreuses guerres, dont deux qui feront des millions de victimes au cœur de l’Europe. L’humanité apprendra-t-elle un jour? La question mérite d’être posée.
Quoi qu’il en soit, pour souligner cette transition séculaire, le gouvernement canadien à Ottawa donne ordre aux militaires basés à la Citadelle de Québec de marquer la transition d’un siècle à l’autre par une rarissime salve de 99 coups de canon, dont 49, avant minuit et 50 après minuit «pour saluer l’aurore du 20e siècle». Plus encore les cloches de toutes les églises de la région de Québec et Lévis font entendre au même moment «leurs voix joyeuses, invitant la population à des offices religieux pour demander à Dieu de bénir le siècle qui commence».
Une telle série de 99 coups de canon n’est pas monnaie courante. Toujours dans Le Courrier du Canada, on apprend dans l’édition du 2 janvier 1901 que cette pratique ne fut autorisée qu’à Québec à titre de plus ancienne ville du Canada. Pourquoi 99 coups et non 100? Le Soleil du 31 décembre 1900 nous dit que pour des raisons de protocole, «les 100 coups de canon ne sont tirés que dans les circonstances exceptionnelles et extraordinaires, comme à un couronnement ou à une déclaration d’indépendance». Il ne fait pas de doute que les Lévisiens de l’époque entendirent les 99 coups de canon, car, encore aujourd’hui, on entend le canon de la Citadelle tonner à midi qui, cette fois, salue quotidiennement le passage de la mi-journée.