12 jours pour sensibiliser
Depuis 1981, les Journées d’action contre les violences faites aux femmes sont soulignées mondialement entre le 25 novembre et le 10 décembre. Au Québec, il a été déterminé de clore ces journées le 6 décembre, lors de la journée de commémoration de l’attentat de Polytechnique à Montréal, où 14 femmes ont perdu la vie en raison de leur statue de femme.
Encore une fois cette année, les organismes et partenaires de la Table de concertation en matière de violence conjugale du Littoral ont organisé des activités de sensibilisation portant sur toutes les formes de violence basée sur le genre, qu'elle soit sexuelle, conjugale, psychologique, économique ou institutionnelle.
«La table a pour objectif de travailler en partenariat. On veut amener à avoir un langage commun pour la clientèle qui est les femmes et les enfants. Il y a aussi un organisme pour les personnes avec un comportement violent sur la table. On a tous des missions différentes. Ça permet de se connaître et de voir ce qu’est la réalité des autres, ce qui peut faciliter la collaboration», indiquent Paméla-Ann Bélanger, sergente à la SQ en services de proximité, et Martine Turgeon, directrice du Centre-femmes de Lotbinière et coordonnatrice de la Table.
Le 20 novembre, plusieurs partenaires comme la Sûreté du Québec (SQ), le Service de police de la Ville de Lévis (SPVL), le Centre femmes L’Ancrage et le Centre-femmes de Lotbinière ont tenus kiosque au Centre Raymond-Blais à Lévis en amont d’une conférence offerte par Léa Clermont-Dion, autrice, réalisatrice, féministe et chercheuse qui possède un doctorat en science politique.
Celle-ci s’est adressée à près de 150 personnes incluant de nombreux intervenants de Lévis en abordant notamment son parcours personnel en temps que femme engagée.
«C’est vrai que je travaille à l’université, que je fais des films, mais fondamentalement, je suis féministe depuis l’âge de 14 ans. C’est une question qui me préoccupe tous les jours de ma vie, l’égalité des sexes. […] Moi à quatre ans, je rêvais de m’amuser, je n’avais aucune conscience des inégalités. À huit ans, j’ai commencé à comprendre que tout le monde n’était pas égal. J’ai vu ma grande sœur se faire intimider. Les premières formes de violence, je les ai vus dans la cour d’école et comme petite fille ça m’a beaucoup affectée. À 14 ans, j’ai pris conscience de l’histoire. J’ai pris conscience que les femmes au Québec n’avaient pas eu les mêmes droits que moi», a débuté Léa Clermont-Dion.
La conférencière a également partagé son parcours en tant que victime d’agression sexuelle et la suite lorsqu’elle a porté plainte et qu’elle est embarquée dans le processus judiciaire qui a finalement trouvé coupable son agresseur.
«J’ai été agressée sexuellement par mon patron de l’Institut du Nouveau Monde à 17 ans et cet événement-là à changer ma vie. À ce moment-là, je me suis sentie trahie, j’ai eu l’impression que personne ne m’avait dit que les violences sexuelles étaient omniprésentes dans notre société», raconte-t-elle.
C’est également ce parcours depuis son agression jusqu’à la fin du procès qu’elle a partagé dans son livre Porter plainte. Celle-ci explique le processus qu’elle a vécu, influencé par les mouvements sur les réseaux sociaux comme le mouvement «Me too», pour dénoncer à son tour son agresseur.
Durant la rencontre à Lévis, Léa Clermont-Dion a ensuite abordé l’historique des batailles féministes récentes, les freins à porter plainte pour les victimes ainsi que la montée du masculinisme.
«La création des tribunaux spécialisés en matière de violence conjugale et sexuelle, ce n’est pas rien. Ce sont des changements institutionnels et juridiques qui sont importants. On a aussi une transformation des mentalités grâce à Me too. Pourquoi donc il y a encore des défis pour les victimes? Pourquoi on ne va pas porter plainte? D’emblée, je peux vous dire que la lenteur des procédures est un fardeau. Ça s’est bien terminé pour moi, mais ce n’est pas toujours facile d’être cru et entendu», souligne la conférencière.
«Après 20 ans de travail, moi je suis un peu découragée, mais ce qui me donne espoir, ce sont [les intervenants] et aussi les jeunes. […] Pour y arriver, il faut s’engager. Il faut retrousser nos manches et dire qu’ensemble on peut changer les choses», conclut Léa Clermont-Dion.
La conférence s’est terminée sur un moment de partage où le public a pu poser des questions à l’invitée ainsi que partager des témoignages.
D’autres actions
Durant les 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes, le Centre femmes l’Ancrage a mené d’autres activités et actions afin de continuer de sensibiliser à cet enjeu.
«Une partie de notre équipe a été au Cégep de Lévis pour faire de la sensibilisation auprès des étudiants. On essaie de faire des petits pop-up durant cette semaine-là. Dans notre organisme, on a aussi fait des cafés-rencontres portant sur ces thématiques-là pour outiller aussi les femmes», souligne Nathalie Rousseau, directrice générale du Centre femmes l’Ancrage.
Un pont d’information a également été tenu le 26 novembre dans le secteur de Charny par le SPVL et la SQ en partenariat avec plusieurs organismes de Lévis et le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) où des pamphlets et de l’information ont été remis à de nombreux conducteurs.