mercredi 5 novembre 2025
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Budget fédéral 2025-2026

Joie et déception au Québec

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Avant de présenter son exercice en chambre, François-Philippe Champagne a donné le budget 2025-2026 au premier ministre du Canada, Mark Carney. Photo : Courtoisie

05 nov. 2025 08:39

Si certaines organisations québécoises se sont réjouies de mesures annoncées dans le budget 2025-2026 du gouvernement fédéral, d'autres n'ont pas caché leur mécontentement à la suite de la présentation de l'exercice mardi par le ministre des Finances du Canada, François-Philippe Champagne.

Les heureux

L' Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (ACPHQ) a favorablement accueilli les mesures annoncées par le gouvernement fédéral pour soutenir la construction dans le secteur résidentiel.

L'association a cité le lancement du nouveau Fonds pour bâtir des collectivités fortes avec plus de 20 G$ en nouveaux investissements en infrastructures municipales (transports collectifs et eau) sur 10 ans, la hausse de 20 G$ à la limite annuelle d’émission d’Obligations hypothécaires du Canada (OHC) à partir de 2026 «pour offrir un financement avantageux à la construction de bâtiments à logements multiples» ainsi que l'investissement de 75 M$ sur trois ans pour renforcer le Programme pour la formation et l’innovation en milieu syndical.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a pour sa part salué un budget fédéral 2025 «qui priorise les investissements dans notre économie dans un contexte d'incertitude et de ralentissement» et qui applique plusieurs de ses recommandations prébudgétaires. Si la FCCQ s'inquiète du déficit et de la dette, elle croit comme Ottawa que c'est «en investissant dans nos entreprises que le Canada retrouvera le chemin de la croissance».

«Le budget fédéral 2025 compte trois mesures phares pour les entreprises du Québec : les investissements records en défense, l'initiative Achetez canadien pour les contrats publics et les mesures fiscales visant à stimuler l'investissement en R-D et en productivité. Ce sont trois signaux importants envoyés aux entreprises d'ici pour qu'elles continuent d'investir ici. Toutefois, les taxes et impôts demeurent élevés pour nos entreprises par rapport à leurs concurrents américains qui bénéficient du One Big Beautiful Bill. Les restrictions demeurent en place sur la vaste majorité des travailleurs étrangers temporaires, ce qui va continuer de priver nos entreprises de travailleurs et freiner leur croissance», a affirmé Véronique Proulx, présidente-directrice générale de la FCCQ.

De son côté, l'Union des municipalités du Québec (UMQ) ne pouvait cacher sa joie devant la décision du gouvernement fédéral de mettre en place le Fonds pour bâtir des collectivités fortes. Cependant, l'association, dont fait partie la Ville de Lévis, a réitèré l'urgence pour le gouvernement du Canada de s'entendre avec le gouvernement du Québec sur le transfert des sommes prévues pour les municipalités du Québec dans les précédents budgets, totalisant plus de 8,5 G$.

La Société professionnelle des auteurs, compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs (SPACQ-AE) a accueilli «avec soulagement» le renouvellement du financement additionnel de 16 M$ par année pour le Fonds de la musique du Canada (FMC). Cette mesure prolonge, pour trois années supplémentaires, le soutien exceptionnel consenti en 2023, assurant ainsi le maintien du financement global à environ 48 M$ par année jusqu’en 2028. Ce renouvellement garantit la continuité des programmes administrés par Musicaction et FACTOR, «essentiels à la création, la production et la promotion de la musique canadienne» selon la SPACQ-AE.

«Le gouvernement évite une coupure majeure qui aurait fragilisé l’ensemble de notre écosystème musical. C’est une bonne nouvelle pour les créateurs et créatrices, mais c’est aussi un simple maintien du statu quo dans un contexte où les besoins augmentent», a souligné Ariane Charbonneau, la directrice générale de l'organisme.

Les déçus

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante estime quant à elle que le nouvel exercice financier fédéral ne contient pas les mesures qu'elle attendait pour venir en aide aux PME canadiennes.

«Aujourd'hui, le gouvernement a manqué une occasion de fournir un allègement fiscal significatif aux PME du Canada. Il aurait pu s'attaquer au cœur du problème en réduisant le taux d'imposition des PME, libérant ainsi des millions de dollars que les entreprises auraient pu investir dans leurs employés, les technologies et leurs opérations. Les finances publiques sont en mal en point. Le budget ne fait que ralentir la croissance des dépenses de programmes pour l'instant, avec des déficits globaux supérieurs à 50 milliards de dollars par an à perte de vue. Les PME savent bien que les déficits d'aujourd'hui seront les impôts de demain», a soutenu Jasmin Guénette, vice-président des Affaires nationales à la FCEI.

C'est avec «beaucoup de réserve» que la Confédération des syndicats nationaux (CSN) accueille le premier budget du gouvernement Carney.

La centrale syndicale salue d'une part l'accroissement de l'investissement public en réponse à la guerre commerciale qui ébranle l'économie canadienne. Elle considère néanmoins que certains choix budgétaires, tels que des baisses d'impôts et une augmentation démesurée du budget alloué à la défense, minent la capacité du gouvernement à appuyer des secteurs stratégiques et à améliorer les conditions de vie de la population.

Un son de cloche aussi partagé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui s'inquiète de son côté des compressions annoncées dans la fonction publique fédérale à l'intérieur du budget Champagne.

«Il y a beaucoup d'enflure verbale quant à la couleur que le gouvernement souhaite donner à ce premier budget, mais à première vue, ce que l'on constate, c'est que l'approche budgétaire et comptable du gouvernement sert surtout à masquer le fait qu'il s'agit, malgré tout, d'un budget de compressions», a argué président de la CSQ, Éric Gingras.

Réactions politiques

À la Chambre des communes, les chefs des partis d'opposition n'ont pas non plus été impressionnés par le budget déposé par le gouvernement libéral.

«Mark Carney a presque doublé le déficit de Trudeau et maintenu les taxes libérales sur les aliments, le travail, l'énergie et la construction immobilière. Les conservateurs vont continuer de se battre pour que les Canadiens puissent avoir une vie abordable», a déclaré sur les réseaux sociaux Pierre Poilièvre, le chef du Parti conservateur du Canada.

«Mark Carney flirte avec la fumisterie en déposant ce budget. Personne n’avalera la couleuvre à l’effet qu’on peut maquiller un déficit de 78 G$ en prétextant que 45 G$ de dépenses, sans être appuyées sur des actifs, constituent des investissements. C’est pourtant le cœur même de ce budget, lequel ne répond pas aux besoins exprimés par les Québécois face aux diverses crises actuelles, et reprises par le Bloc Québécois, notamment en matière de santé et de pouvoir d’achat des aînés. Plus encore, cet exercice financier marque l’abandon de la lutte aux changements climatiques par le Canada. Le caucus du Bloc Québécois est catégorique : c’est non», a quant à lui affirmé Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois.

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