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On trouve au Canada 25 % des milieux humides de la planète. Ces tourbières, marécages, rivières, lacs, deltas, plaines inondables et forêts inondées occupent 15 % de la masse continentale du pays. Nous ne réussissons toutefois pas à en assurer la protection. En effet, on estime que 70 % des milieux humides du sud du pays ont disparu; ils ont été asphaltés, labourés ou détruits d’une autre manière. Ce pourcentage s’élève à près de 95 % à proximité des régions densément peuplées.
Chaque fois que des écosystèmes de milieux humides sont convertis ou dégradés, leurs bienfaits environnementaux sont perdus : filtration de l’eau, stockage de carbone, protection de collectivités avoisinantes contre les crues printanières et les sécheresses estivales. Ajoutons qu’ils sont également l’habitat de centaines d’espèces végétales et animales.
Les milieux humides, des couteaux suisses tout naturels
Les bienfaits des milieux humides sont remarquables. Véritables éponges géantes, ils absorbent et retiennent l’eau entourant les villes et les fermes, et jouent ainsi le rôle de zone tampon en cas d’inondation ou de sécheresse. Ceux situés sur les littoraux atténuent les marées de tempête en absorbant la puissance des vagues et en réduisant l’érosion.
Lors de fortes pluies, ces éponges géantes retiennent l’eau, puis la libèrent progressivement. De plus, les milieux humides servent de coupe-feu naturel, ce qui revêt une grande importance si l’on tient compte des incendies de forêt qui ont récemment fait rage à travers le Canada.
Comparables à des usines d’épuration s’étendant à l’échelle du paysage, ils stockent et filtrent l’eau dont nous dépendons. Leur flore complexe filtre les sédiments et l’excès de nutriments contenus dans l’eau que nous utilisons pour préparer notre café, nous brosser les dents et nous désaltérer.
La perte de milieux humides n’est pas sans conséquences
Aux quatre coins du monde et au Canada, nous sommes touchés de plein fouet par le déclin alarmant des milieux humides. En effet, selon le Bureau d’assurance du Canada, les intempéries qui ont frappé le pays en 2023 ont causé 3,1 G$ de dommages assurés. Selon leur rapport, les pertes assurées au pays «dépassent désormais régulièrement les 2 G$ par an, la plupart étant dues à des dommages liés à l’eau».
Les milieux humides servent ainsi de moyens de défense naturels, en protégeant nos habitations et nos infrastructures contre les tempêtes et les inondations et en améliorant notre santé au quotidien. Mieux vaut donc prévenir (leur disparition) que guérir. Nous pouvons protéger les milieux humides qui subsistent et restaurer ceux que nous avons perdus. Voilà une solution concrète pour atténuer les effets des phénomènes météorologiques violents et de l’évolution rapide du climat.
Nous avons une responsabilité à l’égard du monde entier de conserver et de restaurer ces habitats. Heureusement, de nombreuses collectivités ainsi que des organismes de protection de la nature comme Conservation de la nature Canada (CNC) œuvrent en ce sens.
À ce jour, CNC a assuré l'avenir de près de 168 000 hectares de milieux humides répartis sur 924 sites à travers le pays. Au total, ces sites stockent 87 millions de tonnes de carbone, soit l’équivalent des émissions annuelles de CO2 produites par plus de 97 millions de voitures (près de 136 milliards de litres d’essence consommés). Soulignons que les solutions fondées sur la nature profitent à la population, aux collectivités et à la planète, et ce, grâce aux propriétaires fonciers et aux donatrices et donateurs qui collaborent avec CNC pour conserver et prendre soin des milieux humides de notre pays.
Toutefois, nous devons en faire davantage, plus rapidement Le Canada a besoin de toute l’aide disponible, y compris de celle de tous les ordres de gouvernement, des entreprises, des fondations, des collectivités et de la population, et ce, pour en faire plus et donner un coup de pouce à la nature. Nous pouvons tous investir, appuyer et participer aux efforts déployés pour conserver, restaurer et prendre soin des milieux humides.
En cette Journée mondiale des zones humides, passons à l’action pour protéger ces habitats, améliorer leur avenir et assurer le nôtre. Contribuer à leur conservation, c’est nourrir l’espoir de bâtir un monde naturel prospère dont nous profiterons tous.
Marie-Michèle Rousseau-Clair
Cheffe de la conservation à Conservation de la nature Canada