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J’ai été victime d’aliénation parentale. Un mot froid pour une souffrance brûlante. C’est une forme de violence invisible qui détruit les liens, les repères, l’amour. Petit à petit, insidieusement, on m’a effacée de la vie de mes enfants. On m’a fait passer pour une menace, une ennemie, une mauvaise mère. Et à force d’entendre ces discours, à force d’être privée de contact, de tendresse, de regards… mes enfants ont fini par y croire.
Je ne veux pas pointer du doigt. Je sais que j’ai commis des erreurs. J’ai été malade. J’ai pris de mauvais chemins. J’ai été absente à des moments où j’aurais dû être présente. Mais je n’ai jamais cessé d’aimer. Jamais.
L’aliénation parentale ne s’attaque pas seulement à un parent. Elle détruit un lien essentiel, celui qui unit un enfant à sa mère ou à son père. Elle fait croire à l’enfant qu’il doit choisir, qu’il doit rejeter pour se protéger. Elle le prive de son droit fondamental d’aimer ses deux parents, malgré leurs imperfections.
Je ne veux pas que mes enfants grandissent dans la haine ou dans le mensonge. Je veux qu’ils sachent que, derrière mon silence forcé, il y avait des cris d’amour étouffés. Que chaque jour sans eux a été un combat contre le désespoir. Que je me suis battue pour aller mieux, pour être une mère digne, pour qu’un jour, peut-être, ils puissent me reconnaître à nouveau comme telle.
Aujourd’hui, je parle parce que je ne suis pas la seule. Des milliers de parents vivent cette douleur silencieuse. Et des milliers d’enfants grandissent avec une image déformée de celui ou celle qui les a mis au monde. Il est temps que cela change. Il est temps que la justice et la société reconnaissent l’aliénation parentale comme une forme de maltraitance psychologique.
Je veux que mes enfants lisent un jour ces mots. Je veux qu’ils sachent que leur maman ne les a jamais abandonnés. Qu’elle a eu ses failles, mais qu’elle les a toujours portés dans son cœur. Qu’elle a tenté de se relever pour eux. Qu’elle espère, malgré tout, malgré le temps, malgré la distance.
Je vis avec la douleur, mais aussi avec l’espoir. L’espoir qu’un jour, mes enfants pourront voir au-delà des paroles qu’on leur a répétées. Qu’ils pourront ressentir à nouveau l’amour, pur et intact, que je leur porte depuis le premier jour.
À vous qui lisez ces lignes : si vous êtes un parent aliéné, ne perdez pas courage. Si vous êtes un proche, ouvrez les yeux. Et si vous êtes un enfant pris dans ce conflit, sachez que vous avez le droit d’aimer librement.
L’amour d’un parent, même brisé, ne meurt jamais.
À mes enfants demeurant dans la région de la ville de Québec nés à Sept-Îles. Dans l’espoir qu’ils puissent lire ce cri du cœur.
La Septilienne, Ingrid F.