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En avril 2021, le maire de Lévis et son équipe ont fait l’annonce d’une prévision de construction de 1 000 logements sociaux sur une période de dix ans. Sachant qu’avec des centaines de personnes sur la liste d’attente pour obtenir une habitation à loyer modique selon l’OMH, que le pourcentage d'augmentation des coûts des loyers est en constante hausse en plus du contexte inflationniste, que le loyer moyen pour un appartement de deux chambres s’élève maintenant à 967$ par mois, et que le taux d'inoccupation des logements est de 0,6 % dans l’arrondissement Desjardins et de 0,5 % dans l’arrondissement Chutes-de-la-Chaudière-Est (en-dessous de 1 % on considère ça comme une crise du logement), on peut se questionner sur cet objectif qui ne tient pas suffisamment en compte de la réalité actuelle et des besoins à venir de la population en matière de logement.
Certes, plusieurs immeubles d’habitation se construisent un peu partout à Lévis et l’offre locative risque d’être un peu plus grande dans les prochaines années. Par contre, une simple recherche sur les sites de location d’appartement nous permet de constater que ces nouvelles locations ne sont pas pour la bourse moyenne. Pour vivre dignement, il faut consacrer 30 % de son revenu aux dépenses liées à l’habitation. Malheureusement, plusieurs ménages dépassent largement ce ratio, ce qui crée entre autres une vulnérabilité résidentielle.
L’offre en logement social devra se diversifier et prendre en compte la classe moyenne pour répondre aux différents besoins. Nous verrons dans les prochaines années des travailleurs avec de bons revenus, des personnes retraitées, des personnes immigrantes et des étudiants qui auront eux aussi davantage besoin d’un logement accessible.
La Stratégie de développement du logement social et abordable 2021-2031 de la ville de Lévis dresse un portrait des infrastructures disponibles et des ménages sur le territoire lévisien. Il nous laisse toutefois sur notre faim quant aux actions futures envisagées par la ville devant la nécessité d’agir rapidement.
Il existe des solutions pour être plus audacieux et agir sur cette problématique :
- Revoir à la hausse les objectifs de construction de logements abordables et sociaux;
- Voir la construction de logements sociaux non pas comme une simple dépense, mais comme une alliée au dynamisme économique de la région;
- Réglementer le zonage des résidences pour personnes âgées, afin de protéger cette vocation;
- Inclure l’itinérance cachée comme une réelle donnée existante et fiable;
- Augmenter le financement aux organismes communautaires pour la construction d’unités d’habitation avec suivi communautaire et la construction de coopératives d’habitation qui renforcent le tissu social constituent un levier économique important pour les membres;
- Envisager une contribution de tous les promoteurs afin de financer le logement social.
Si l’on veut être à l’avant-garde, comme l’indique notre devise lévisienne, nous devons arrêter d’accepter collectivement l'inacceptable et s’assurer que tous les Lévisiennes et Lévisiens aient un toit abordable, sécuritaire et situé à proximité de leurs lieux de travail et de socialisation. Le travail des fonctionnaires et des organismes communautaires est inspirant et impeccable. Nous avons le pouvoir de revoir nos moyens et nos objectifs en matière de construction de logements sociaux, il faut cependant de l’audace et en faire une priorité dans les choix politiques, et ce, dès maintenant.
Jessie Moore Tremblay
Attachée politique
Cabinet de l’opposition de Lévis