Par Claude Genest – Collaboration spéciale
Outils de communication, les journaux sont encore aujourd’hui des acteurs importants de la circulation de l’information. À l’époque pré-Internet, mais aussi avant l’avènement de la radio et de la télévision, de nombreuses feuilles parfois éphémères transmettaient beaucoup d’informations à leurs lecteurs, non seulement sur leur milieu local, mais aussi sur leur province, leur pays, sans oublier les nouvelles internationales.
J’ai retracé l’été dernier par hasard le site Peel’s Prairie Provinces de l’Université de l’Alberta où quelque 175 journaux de l’Alberta, de la Saskatchewan, de la Colombie-Britannique et du Manitoba des années 1870 à 2018 sont numérisés et accessibles au public. Particularité intéressante, 15 de ces journaux sont en français. Doté d’un moteur de recherche puissant, il est possible d’interroger par mots clés l’ensemble des journaux. Pour m’amuser, j’ai tapé le nom de notre ville de Lévis et voilà que des centaines d’articles émergent à l’écran.
On retrouve toutes sortes de nouvelles, dont certaines étonnent. Par exemple, cet article paru le 13 novembre 1923 dans le journal La Liberté au Manitoba au titre surprenant : «Une usine Ford à Lévis?». Cet entrefilet nous apprend qu’il «est fortement question que M. Henry Ford établisse une fabrique d’autos Ford dans la province de Québec. L’un de ses directeurs généraux a visité jusqu’ici quatre villes dans ce but», peut-on lire dans la feuille de l’Ouest avant de conclure que «M. Ford choisira entre Lévis et Trois-Rivières».
Un autre article du même journal informe ses lecteurs, le 31 décembre 1924, des péripéties entourant la formation d’un pont de glace. On relate le drame survenu l’année précédente en février «alors que le premier pont de glace, entre Lévis et Québec, s’est brisé exposant plusieurs personnes à la mort». Pour éviter un drame potentiel, le journal note que «les autorités de la marine ont fait placarder des avis, défendant aux citoyens de s’aventurer sur le pont de glace avant que les autorités elles-mêmes n’aient fait savoir publiquement que le pont nouvellement formé n’offre aucun danger».
Bref, on peut consulter une panoplie d’articles où l’on parle de Lévis comme cet article du journal Le Patriote de l’Ouest en Saskatchewan du 4 juillet 1928 qui relate les fêtes du 75e anniversaire du Collège de Lévis, où mentionne le journal «furent formés nombre des hommes les plus remarquables du pays», rien de moins. En conclusion, il ne faut pas sous-estimer la circulation de l’information de l’ère pré-électronique. À ce titre, le site Peel’s Prairie Provinces nous offre une preuve éclatante émanant de l’Ouest canadien. Il confirme aussi que les liens étaient forts et entretenus au sein du Canada français.