Par Guillaume Ratté-Côté*
Premièrement, il y a la victimisation, devenue un sport national. Je ne dis pas que certaines personnes ne dépassent pas les bornes. Ni que certains hommes n’ont pas de comportements misogynes envers des élues. Mais à mon avis, avant de se lancer en politique, il faut avoir prévu le coup et s’être ménagé ce que j’appelle une couenne. Le caractère, la droiture, la persévérance se raréfient, il va sans dire. Mais cela n’est aucunement mentionné dans ce dossier.
Mais surtout, je crois que le problème est ailleurs dans le manque de relève en politique municipale. Il s’agit plutôt de l’impuissance devant la machine.
J’ai rencontré de façon impromptue un conseiller municipal de Québec récemment. Il me confiait son incrédulité devant ce dossier, et me disait à quel point les élus ont peu de pouvoir sur la machine. Et que c’était ce qui était réellement décourageant. Après plusieurs anecdotes, il me raconte un bruit qui court depuis les belles années de l’époque Labeaume. Que même lui, neuf fois sur dix, voyait ses initiatives étouffées par l’appareil et ses apparatchiks permanents. Régis lui-même!
«Imagine Bruno Marchand», a-t-il laissé tomber! Ce qui m’a bien fait rire… jaune. Car l’appareil doit impérativement être dirigé, sans quoi il deviendra incontrôlable. Et peut-être l’est-il déjà. De ma jeune mémoire d’une quarantaine d’années, je n’ai en mémoire que des revirements pour les politiciens ayant promis des réformes de la moindre envergure ou même des analyses de programme rigoureuses. Ce n’est que toujours et encore plus de gouvernements, tous paliers confondus, au final.
Et le pire, c’est que c’est à la fois souvent avec moins de services! Il n’y a qu’à penser aux solides augmentations de taxes venues presque simultanément avec le ramassage des ordures aux deux semaines à Lévis (avec lequel je prends soin de mentionner que je me suis déjà annoncé comme étant en faveur à mon micro du 96,9, tout de même!). Qui sont d’ailleurs un symbole des services de proximité si chers aux élus municipaux.
Les exemples sont encore plus frappants aux autres paliers. Comme la fonction publique doublée au fédéral, avec des passeports et du chômage moins accessibles que jamais tout à la fois.
Mais revenons à Lévis. Stratégiquement, je comprends que les candidats à la mairie hésitent à se montrer enclins à tenir tête aux forces de l’immobilisme et de la réglementation tous azimuts.
Mais c’est surtout le cas si personne ne leur en parle lors de leurs sorties estivales! Et elles sont nombreuses. Et il faut savoir que les politiciens n’ont qu’une quantité limitée d’opinions qui leur parviennent.
Je recommande donc que, si vous croisez Steven Blaney, Isabelle Demers ou Serge Bonin, vous leur demandiez d’avoir comme priorité de limiter l’interventionnisme municipal, et même de le réduire. Et s’ils semblent convenir avec vous de cette nécessité : faites-les se commettre! Demandez-leur comment spécifiquement! Quelle réforme feraient-ils? Dans quel département en premier? Comment le feraient-ils sans que l’appareil transfère la chose en coupures de services?
Il n’y a rien de méchant là et au contraire, cela va les préparer à la mesquinerie qui les accueillera à leur entrée en fonction. Et n’épargnez pas non plus leurs candidats comme conseillers.
*Guillaume Ratté-Côté est l'animateur de l'émission PolitiGuy Correct à la Radio de Lévis, CJMD 96,9, du lundi au jeudi à 16h.
Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.