Par Claude Genest
Les débats concernant la préservation du patrimoine bâti occupent çà et là une partie de l’actualité, particulièrement au moment de la démolition d’une veille maison, de la construction de condominiums dans un vieux quartier ou de la démolition d’un édifice public, d’une église voir d’une vieille usine. En 2014, j’avais abordé dans la revue de la Société d’histoire de Lévis, La Seigneurie de Lauzon, un concept moins discuté, soit celui du patrimoine du futur.
Préserver et valoriser le patrimoine immobilier laissé par nos prédécesseurs est noble et intéressant, mais regarder vers l’avenir l’est tout autant. J’attire ici l’attention sur une piste de réflexion à développer pour les amoureux du patrimoine. Souvent on défend des vieux bâtiments parce que l’on s’inquiète, à raison, au sujet de l’harmonie d’un lieu ou d’un quartier.
Or, on oublie que les constructions actuelles représentent le patrimoine du futur et qu’il est nécessaire de s’y intéresser aussi. Dans mes activités, il m’est arrivé à l’occasion de suggérer à des promoteurs d’avoir à l’esprit que ce qu’ils bâtissent aujourd’hui sera ni plus ni moins que du patrimoine historique pour les générations futures. Considérée sous cet angle, la perspective se transforme et il se peut que l’on porte une attention supplémentaire avant de construire et d’aménager un nouveau bâtiment.
Cet angle d’approche concernant le patrimoine du futur peut encourager le bâtisseur à embellir son projet initial dans le but de rendre sa nouvelle construction plus belle, bien sûr, mais aussi d’augmenter la valeur de son investissement parce que c’est bel et bien aussi de cela qu’il s’agit. Planter des arbres, peaufiner soigneusement l’aménagement, embellir les décorations extérieures, chercher des façons de bien s’intégrer dans son environnement immédiat sont des pistes à explorer en amont des projets privés ou publics. Bien réfléchir au développement et à ses implications est donc une voie à privilégier.
Sans compter qu’il est possible de rehausser avec soin les bâtiments existants. Prenons l’exemple de la magnifique église Notre-Dame. Construite en 1850, nos prédécesseurs n’ont cessé de l’améliorer au fil du temps avec l’ajout des grandes orgues Mitchell, des différents vitraux, de la restauration des mêmes orgues en 2000 et quoi encore. Vu sous cet angle, le patrimoine devient vivant et on peut le transformer constamment. Pensons seulement aux fresques historiques qui ornent l’entrée de la bibliothèque à l’hôtel de ville et du CEP Alphonse-Levasseur au Collège de Lévis.
Mêmes choses pour le monument des soldats morts lors des grandes guerres, jadis au rond-point de Lévis (coin Kennedy et Guillaume-Couture) déplacé dans le parc près de l’ancien hôtel de ville de l’ancienne Ville de Lévis (aujourd’hui parc Louis-Philippe-Lainé) avant les fusions et maintenant dans un endroit plus approprié au parc de la Paix. Bref, il est louable de protéger le patrimoine ancien, mais on peut aussi améliorer celui existant et bâtir en pensant à la fierté que l’on veut transmettre aux générations futures.